Propriété de la famille Borie depuis 1941, Château Ducru-Beaucaillou fût d’abord celle de la famille Bergeron jusqu’en 1797 puis de Bertrand Ducru, qui rajouta son patronyme à celui du domaine historique, situé sur un terroir rocheux parsemé de gros cailloux qui jonchent le vignoble et participent activement à la qualité des vins en restituant en soirée la chaleur accumulée dans la journée. Outre des investissements considérables dans les vignes et dans les chais, ce jeune et dynamique négociant natif du Béarn amoureux du médoc, fît également transformer la maison girondine de la propriété en une élégante chartreuse Directoire.
Lorsqu’il disparait en 1829, c’est sa fille Marie-Louise Ravez qui reprend le flambeau. Aussi motivée et impliquée que son père, elle amène la propriété sous les feux de la rampe puisque Château Ducru-Beaucaillou est classé 2ème Grand Cru de Bordeaux en 1855. A cette période, c’est le Saint-Julien qui se vend le plus cher !
L’ère Ducru s’achève en 1866, mais le domaine reste dans la lumière puisque Nathaniel Johnston, le nouveau propriétaire et brillant polytechnicien, met au point avec l’aide d’Ernest David, son régisseur, la fameuse « bouillie bordelaise » qui permettra de lutter contre le mildiou, ce champignon importé des Etats-Unis qui ravage le vignoble français. Outre cette découverte salvatrice, il fait souffler un vent de modernité sur le domaine. Désireux d’avoir une propriété à la hauteur de l’excellence de ses vins, il fait appel au célèbre architecte Michel-Louis Garros pour enrichir la chartreuse de deux tours victoriennes et fait créer un parc paysagé planté d’essences rares.
Très doué en affaires, les crus Ducru-Beaucaillou se firent une belle réputation internationale, mais affaibli par les crises géopolitiques, il n’a d’autre choix que de céder le domaine en 1928. Après un passage éclair entre les mains des Desbarats (qui subissent de plein fouet la médiocrité des millésimes des années 1930), le Château Ducru-Beaucaillou est racheté par Francis Borie, négociant corrézien et viticulteur passionné déjà propriétaire du Château Haut-Batailley à Pauillac. Aimé et respecté de tous, il transmet ses valeurs et sa passion à son fils Jean-Eugène. Lorsqu’il prend la succession de son père en 1959, il abandonne le négoce familial pour se consacrer exclusivement au domaine. Avec beaucoup d’application, il s’attèle à remettre en état le vignoble et à moderniser les chais. Des efforts considérables qui ont permis de ramener Château Ducru-Beaucaillou au plus haut niveau des grands vins de Bordeaux. Aujourd’hui dirigé par son fils Bruno-Eugène, le domaine conserve la même philosophie.
Infatigable perfectionniste, il s’est lancé dans un ambitieux projet décennal de refondation durable des vignes et des chais. Dans le même temps, il a confié la restauration du château à Sarah Poniatowski-Lavoine.
Désormais, chaque action dans le vignoble est respectueuse de l’écosystème, désherbage et enherbement ont remplacé les herbicides, les engrais chimiques ont laissé place au fumier et compost et il n’y a plus la moindre trace d’insecticide. Cette culture raisonnée a permis à la propriété d’être certifié ISO 14001 depuis 2016 et HVE3 l’année suivante. Une cellule de recherche et développement a vu le jour pour soutenir l’équipe technique. Son travail est basé sur l’utilisation de logiciel d’aide à la précision, la programmation des GPS, le traitement des données géospatiales et l’interprétation des travaux de l’INRA.
Après les vendanges manuelles des 75 hectares du vignoble (planté en cabernet sauvignon, cabernet franc et merlot), et une vinification soit en cuves chênes soit tronconique en inox, chaque lot est dégusté plusieurs fois par l’équipe technique sous la supervision d’Eric Boissenot, l’œnologue conseil du domaine, pour définir son statut. La finalité étant de produire avec précision et attention le vin le plus pur, le plus droit et le plus honnête possible.
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